Depuis plus d’un an et demi, une campagne de prélèvements mensuels est menée sur la rivière Célé et ses affluents dans le cadre d’une thèse en hydrogéologie de l’Université de Bordeaux. Cette étude est menée au sein du Parc naturel régional – Géoparc mondial UNESCO des Causses du Quercy par Lucie Noguera, hydrogéologue, doctorante en deuxième année. Elle officie au sein des laboratoires d’Institut de mécanique et d’ingénierie (I2M) et de l’unité mixte de recherche Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux (EPOC).
Cette étude vise à comprendre les interactions complexes entre les eaux souterraines du bassin karstique du causse et les eaux de la rivière, afin de mieux prévoir et protéger cette précieuse ressource.
Le projet, porté par le Parc naturel régional, s’est lancé en février 2023 avec le soutien financier d’une dizaine de partenaires, dont les syndicats de gestion locaux, l’Agence de l’eau, le Département ou encore la Région.
Ce partenariat vise à pallier le manque initial de données sur le Célé et à comprendre le fonctionnement de ce système hydrologique unique, crucial pour l’alimentation en eau potable de près de 8 000 habitants.
Cette étude approfondie répertorie la qualité et la composition chimique de l’eau, sur 18 points de prélèvement, dont 12 sources et 6 sections de la rivière entre Figeac et Cabrerets, où des analyses hydrochimiques détaillées sont réalisées. Elles permettent de déterminer la provenance des eaux qui se mélangent dans le Célé, car en fonction de leur parcours, elles arrachent et transportent des éléments très particuliers.
Les différents composants étudiés incluent des ions majeurs tels que les bicarbonates, le calcium, le magnésium, les chlorures et le sodium, ainsi que des composés azotés (nitrate, nitrite et ammonium), le sulfate, le phosphate, la silice et le fer. Des isotopes comme le deutérium, l’oxygène 18 et le carbone 13, ainsi que des paramètres de physico-chimie comme le pH, la température, la conductivité, l’oxygène dissous et le carbone organique dissous, sont également mesurés. Ces analyses permettent ainsi de mieux connaître la part des eaux souterraines et donc le rôle du plateau des causses du Quercy dans l’alimentation de la rivière Célé.
Avec cette première phase de recherche, le projet Célé vise non seulement à enrichir la connaissance globale du système hydrologique, mais aussi à préparer des modélisations futures. Ces simulations, attendues par les gestionnaires de la ressource en eau, permettront de prévoir l’impact des changements climatiques sur la qualité et la disponibilité de l’eau dans les années à venir.
La préservation de cette ressource est une priorité, inscrite dans les missions du parc, avec des implications directes pour l’approvisionnement en eau potable. Cette thèse, intitulée « Identification et quantification des échanges karst-rivière par caractérisation physico-chimique », apporte des réponses concrètes aux défis environnementaux et climatiques actuels.
La compréhension accrue de ces processus complexes permettra de mieux protéger et gérer l’eau du Célé, dont la qualité et la disponibilité sont cruciales pour la population locale et l’écosystème du bassin versant karstique.
© Parc des causses du Quercy – Pierre PHILIPPE